QUAND feuillet n°5
Septembre 1994
En peinture, le réel est
la somme des sensations. Le réel est donc là
un parcours, des localités successives, un enchaînement
d'atmosphères, un collier de petits mondes et la
fantaisie, l'humeur, l'intellection, l'évocation,
l'il et la main déterminent l'ancrage de
ce microcosme-ci au suivant. D'étape en étape
un réseau se tisse de correspondances. Le lieu
d'un ancien passage est mis en lumière par un point
de vue différent lorsque - parfois - la logique
de notre progression nous guide vers un panorama.
Alors, nous voyons ce qui s'est formé dans le temps
du parcours. Nous voyons des repères qui tendent
l'espace, des flux, des rythmes, des enveloppements, le
vif du vent et les parties mortes de l'espace.
Nous voyons la forme réalisée. La forme
c'est la conscience du travail du temps dans l'espace,
l'adéquation de la nécessité intérieure
aux exigences physiques de l'espace, notre mouvement qui
va l'amble avec l'âge du monde, l'unisson du mystère
de nos mains avec tout l'infini, notre articulation au
spectacle du monde.
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