Il
en fallait du courage et de l'abnégation le 9 janvier
dernier pour affronter les 10 mètres de neige tombés
sur la région depuis une semaine et aller à
Vienne voir l'exposition de Hervé Fayel, peintre
Croix-Roussien de notre connaissance. Arrivé dans
la vieille ville, impossible d'aller plus loin. On se
gare place François Mitterrand. Ne demandez jamais
à un viennois, conservateur par définition
où elle se trouve : il vous foudroierait du regard
avant de vous indiquer de mauvaise grâce la place
du Palais. Autre détail amusant, elle est reliée
à la place Ch. De Gaulle par la rue de la Chaine.
On arrive dans la galerie Test du Bailler située
dans la rue du même nom. L'accueil est chaleureux
pour le visiteur qui a bravé les éléments.
Trois
peintres exposent, tous 3 lyonnais. JP. Bui-van présente
un travail récent : de superbes monotypes à
l'encre noire nécessitant parfois plus de 20 passages
sous la presse. Des paysages très épurés
qui rappellent les gravures orientales mais avec beaucoup
de profondeur et du relief donné par le noir intense
qui passe par une infinité de nuances. B. Rouyard
travaille essentiellement l'huile mais n'hésite
pas à y mêler pour la nuancer, l'aquarelle,
le pastel ou même la craie. Son sujet est le paysage
mais aussi la nature morte qu'il traite avec beaucoup
de classissisme. Mais ce qui en fait véritablement
un contemporain, c'est la couleur, fraîche, éclatante,
mais sans ostentation aucune. Dans une exposition de peintres
hollandais du XVIIème, on ne verrait que lui !
La peinture d'Hervé Fayel a toujours été
une énigme pour moi : elle ne m'attire pas de prime
abord mais reste présente dans mon esprit et ma
mémoire de très nombreuses années
plus tard, intacte ! Impossible de définir ce qui
se passe en moi. Lui aussi est dans le paysage qu'il déconstruit
à l'infini. Prenez un de ses tableau entre vos
mains et retournez-le. Des dates apparaissent recouvrant
parfois jusqu'au cadre, faute de place. Il date son tableau
lorsqu'il est fini, l'abandonne dans un coin de son atelier,
pour le reprendre le lendemain, la semaine, le mois, l'année
suivante, voire plusieurs années plus tard. Il
le redate à chaque fois. Etonnant travail !
Bloqué
dans la galerie par les montagnes de neige du dehors et
les congères de Médoc de l'intérieur
je remarque enfin le plus surprenant : ces peintures si
dissemblables par leur technique et le rendu, finalement
se ressemblent. Cette toile est elle de Fayel ou de Rouyard
? Celle-ci de Bui-Van ne représente-t-elle pas
le même paysage que celle juste à côté
de Rouyard ? Nos trois artistes travaillent ensemble depuis
près de 20 ans. Ils ont fait la même découverte
lors de l'accrochage : c'est leur première exposition
commune...
Xavier Rouquin
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