BUI-VAN
" Vu des toits "
Je
jubile déjà à la joie secrète
et communicative de présenter pour la première
fois l'uvre peinte de ce jeune artiste original.
Son parcours biographique est court et éloquent,
né en 1960, traverse les Beaux Arts de Lyon entre
79 et 81, fait un séjour en 87 à "l'il
écoute" et depuis : PEINT.
Dans
son atelier on navigue entre le "constant et le vide"
: vide de l'espace et du mental (de ses origines asiatiques)
et constance de ses solides travaux étalés
sur deux décennies. Il consent enfin à s'exposer
au " Bleu du Ciel " où il présente
ses " toit", fruit de plusieurs années
de réflexion. Dans la lignée de N. de Staël,
en passant par de Kooning et la peinture chinoise, Bui-Van
poursuit son GESTE opiniâtre, de vélin en
vélin, d'arche perdue puis retrouvée : tranchant
à chaque fois le coup juste dans "le lard
de la beauté" (qui comme on le sait se révèle
plus qu'elle n'est créée) et laissant moulte
destruction derrière lui de tentatives avortées.
Ce sont "les" réussites que nous découvrons
aujourd'hui, sans céder à la tentation de
l'explication par la calligraphie ou par la décoration,
nous restons muets devant ses "toits", qui éveillent
en nous l'appel de l'oiseau ou la médiation silencieuse
à demeure.
Et pourtant pas de doute, Bui-Van part de représentations,
de motifs existants qu'il transfigure par le geste intérieur
et couche spontanément sur la blancheur de la feuille
qu'il dompte comme un tigre de papier. C'est une peinture
du sujet et non de l'abstraction. A chacun, cependant,
loisir d'y dénicher son "toit" personnel
et d'en décorer son "intérieur",
cela importe peu
Bui-Van
ne décrit pas, il cherche simplement avec ce calme
de la révolte (qui le caractérise) l'articulation
entre le réel et son imaginaire. Il guette les
postures de l'âme à la frontière du
ciel et c'est comme si il "la" projetait dans
l'air, avec sa physiologie ROUGE, faite de tendons et
de tissus articulaires.
Il me glisse d'ailleurs avec pudeur "Toute représentation
part de la place d'où l'on peint " je surenchéris
: "PARLE" d'où l'on vient
Et ils donnent sur le ciel les "toits" de Bui-Van,
à défaut de nous y fondre, et ils nous éveillent
le regard en nous infiltrant à la seringue d'encre
chinée, la sérénité d'un au
delà d'Orient.
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